Réparation d'un juke-box Seeburg Olympian de 1972

Voici le 2^ème Juke-Box qui arrive, toujours un Seeburg, mais un modèle plus ancien : il a une mémoire à tores au lieu d'une mémoire électronique. Cette technologie est fascinante : elle permet de conserver une information à long terme en aimantant un anneau dans un sens ou l'autre en y envoyant une impulsion électrique. De bonnes explications se trouvent ici : documentation, principes, explications pratiques et dépannage avec photos (rare) !

Je commence par les vérifications et entretien de base : remplacé fiche 240V et câble qui était douteux, vérifié les fusibles (nombreux et cachés), huilé phonographe qui était sec de chez sec, vérifié contacts principaux et débusqué 2 mauvais contacts. Et déjà, il démarre mais il n'est pas fiable, parfois il faut le "pousser" ! Il me faut rehuiler le mécanisme une 2^ème fois.

Il prend les disques, mais ne les rejette pas toujours, il lit les disques de la face A, mais pas de la face B, il n'y a pas assez de pression, l'aiguille "survole" ! L'ampli est OK, le son aussi, mais un tweeter est muet. Une aiguille est +- OK, l'autre est naze, je les échange, la qualité du son face A s'améliore nettement, normal l'aiguille face B ne sert quasi jamais elle est donc quasi neuve. Je commande de toute façon une nouvelle paire d'aiguilles aux USA.

Le système de sélection de disque et de mémoire réagit quasi bien, mais les disques ne sont pas toujours exactement ceux choisis ! Je le mets en "free play" en enlevant la carte diode de la boite noire, pratique ! Quand il n'y a plus de disque sélectionné, le chariot scanne de gauche à droite sans fin … Chaque fin de course envoie une impulsion et un astucieux système à 2 bobines arrête le moteur après un aller-retour complet du chariot. Le système était un peu encrassé, un bon nettoyage et un peu d’huile a remis tout en ordre. Le chariot s’arrête bien en position 176 après un aller-retour sans sélection.

J'arrive à démonter le tweeter, super, il y a des vis ! Je trouve 2 fils fins comme des cheveux noircis et cassés. Bizarrement des épaisseurs de cartons alimentaires découpés forment un support à la bobine, y a déjà eu de la restauration. Je gratte le vernis des petits bouts de fils restants, je ressoude UN brin de cuivre d'un fil souple pour les rallonger (je ne le voyais quasi pas à la loupe !), je scelle le tout sur le carton avec du vernis à ongle, je remonte délicatement l'ensemble ... et ça marche ! Et bien, je n'en reviens pas !

Je me rends alors compte que l'autre tweeter ne répond plus ! Je l'ai mesuré il est toujours bon (et il fonctionnait), c'est donc un canal d'ampli qui déconne ... Quand ça marche d'un côté, ça déraille de l'autre … En fait, c'est le potentiomètre de volume qui est encrassé, je le démonte, ce n'est pas évident, il est motorisé ! On pouvait y mettre une télécommande ! Avec un peu de spray nettoyant de contact, ça va, toute la partie audio est bonne, mais sans doute pas pour longtemps.

Je continue a huiler la mécanique, pour les embrayages, l'accès n'est pas évident, il faut amener le chariot à gauche et jouer avec une paille sur plus de 20cm pour arriver aux bons points. Ma bouteille d'huile avec tube extenseur n'est pas vraiment utilisable car trop souple. Un léger bruit de frottement s'entend lors de la translation du chariot, en y regardant de plus près je vois que les 3 roulettes de guidage sur roulement sont bloquées et frottent littéralement sur le rail. Après un bon décrassage / huilage, c'est un charme de les revoir tourner à toute allure ! Heureusement qu'un plat ne s'est pas formé par usure sur ces petites roues …

Je m'attaque aux petites erreurs de sélection et suit la procédure documentée : je fais le test de la pile. Tous les tores mémoires sont sélectionnés en une seule fois, impressionnant ! Il joue bien tous les disques l'un après l'autre, sauf qu'il ne les efface plus ! Gros stress. Un diagnostic approfondi me permet de voir que l'interrupteur de diagnostic est naze, ouf. Ce petit interrupteur est bien caché et découple le système de sélection (monnayeur, clavier) entre la partie supérieure du juke-box et le phonographe. Je le remplace complètement, c'est bon. Il ne joue chaque plage qu'une fois. Un coup de pile dans l'autre sens et hop toutes les mémoires sont effacées, système génial.

En lisant un article d'un ancien employé de Seeburg, je me rends compte d’une limitation technique qui arrangeait bien Seeburg. La mémoire Tormat enregistre quels disques sont sélectionnés, mais une seule fois. Ce qui veut dire que si quelqu’un paie et choisit le disque 100, ce choix va s’ajouter à la liste des disques à jouer. Si entretemps une autre personne met une pièce et choisit également le disque 100, lorsque ce disque passera, il ne jouera qu’une seule fois, alors qu’il a été payé 2 fois ! Les 2 clients ne s’en rendront pas compte, chacun sera heureux d’entendre sa sélection ! Subtil !

Une lampe du panneau de sélection ne fonctionne plus. Encore des ampoules « spéciales », ici c’est du 28V ! Fatiguant tous ces modèles et sockets. Afin d’éviter de les commander, je prends une ampoule peu utilisée et la place derrière la position « 2^ème sélection » bien plus courante et utile.

Les plots de la barre Tormat ne sont pas très accessibles et sont très oxydés. Je les nettoie à l’alcool, de même que les plots de la rampe d'allumage des lampes de sélection. C’est déjà un peu plus franc. La machine fonctionne pas mal maintenant, mais rate encore parfois un numéro : je demande le 132 et il s'arrête et joue le 133, mais pas toujours ... Après lecture internet, j'ai réglé la barre de mémoire Tormat de 1mm sur la gauche au pif, car je n'arrive pas à voir le positionnement du balai sur les plots ... et ça a l'air de marcher nickel ! J'ai aussi huilé les coulisses sur lesquelles les frotteurs glissent, elles étaient sèches et collantes, ce qui provoquait des oscillations surtout au milieu du parcours, là où les erreurs de sélections apparaissaient le plus. Maintenant le chariot navigue bien sans vibration et il tombe juste, c'est magique, excellent design.

Quelques photos

Finalement un canal du potentiomètre de volume est bien définitivement naze. Ces potentiomètres ont 5 bornes : masse, point mobile, max mais aussi 2 points fixes à 1/3 et à 2/3 de course. Ces 2 bornes supplémentaires vont au préampli dans un circuit de tonalité assez sophistiqué, sans doute un genre de loudness qui accentue les basses à bas volume pour tenir compte du fonctionnement de l’oreille humaine. Comme j’ai du mal à trouver cette pièce à un prix raisonnable, on s’en passera ! J’installe un nouveau potentiomètre stéréo des plus classiques … et je n’entends aucune différence !

Je reçois les nouvelles aiguilles, je les place et je suis surpris : ça ne marche pas bien du tout ! J'ai resserré un peu le ressort de pression-aiguille pour les faces A et le niveau sonore et la qualité est revenue. Par contre du côté face B, le son est faible et de mauvaise qualité, l'aiguille déraille même parfois. Il faut resserrer de beaucoup le ressort, mais après avoir tiré-déroulé 6 cm du ressort, et tendu d'autant, ce n'est toujours pas suffisant ! Je ne suis pas tranquille : les ressorts étaient tous les 2 montés dans le mauvais œillet (par rapport au schéma dans le manuel), je les avais déjà déplacés dans les bons œillets et j'avais déplacé les glissières de réglage de pression à fond. La pression a donc déjà augmenté de beaucoup. Ma crainte est de le casser, ils sont assez difficiles à acheter. Pour en avoir le cœur net, je me fabrique un petit dynamomètre pour mesurer la pression comme indiqué dans le manuel : il faut entre 3 et 4 gr. Un passionné sur internet a réalisé son dynamomètre avec une petite lame de scie fichée dans un manche en bois. Un carton à l’arrière sert de cadran à graduer. Comme lui, je le calibre avec un morceau de sucre ! Un morceau fait 4 gr, c’est parfait. Les mesures me confirment que la pression sur la face B est insuffisante de moitié par rapport à celle de la face A.

En fait il ne faut pas raccourcir trop ces ressorts car sinon l’un va finir par "tirer" sur l’autre et ils vont être en conflit, la pression correcte ne pourra plus être obtenue. Ils doivent juste tirer quand le bras est le plus éloigné (gauche pour face A et droit pour face B). Après encore quelques ajustements, l’ensemble finit par fonctionner.

Rien à faire, bien réglé, bien fermé et bien éclairé, ça le fait : ambiance rétro-nostalgie assurée, surtout si on sélectionne un slow italien !

Petit tour de la machine en cours de jeu

2^ème machine

Ce 2ème Olympian arrive en assez bon état, le phonographe scanne et prend les disques et de la musique sort de certains haut-parleurs. Après tests, il est un peu sot au niveau des sélections : il prend rarement le disque voulu ! Je procède d'abord à l'entretien et aux vérifications d'usage : huiler le phonographe, démonter le moteur du potentiomètre de volume, nettoyer les rampes de Tormat et des lampes de sélection, remplacer quelques ampoules, remplacer les aiguilles, ...

Au niveau de la fiabilité des sélections, je nettoie les fiches Cinch Tormat, j'élimine le "Bypass Switch", je règle les patins de lecture Tormat (il sélectionnait une position impossible : en tapant 179, il allait au delà à 180 !). C'est quasi bon, sauf que quand je sélectionne 145, il prend parfois 143, pareil pour 155 -> 153, 165 -> 163, ... étrange. Je n'arrive à penser qu'à un faux contact dans le clavier, la touche 5 enverrait un 3 ? Mais uniquement pour les unités ? Sans trop y croire je démonte et décrasse le clavier, je remonte le tout et ... ça marche ! Plus aucun raté. Bizarre quand même.

Au niveau audio, je vérifie les haut-parleurs, et comme d'habitude un des 2 tweeters est mort et je le répare comme d'habitude (voir explications et photo dans l'article sur le 1^er Olympian ci-dessus). Le canal droit ne fonctionne pas, une rapide inspection me montre qu'un transistor driver, un transistor de puissance, une résistance de puissance et la résistance dans le circuit de la varistance (régulation de température de l'étage de sortie) ont claqué en chaine. De plus le support de fusible est cassé. Pressé, je l'échange avec un ampli du stock. Et voilà encore une machine remise en route.

Après quelques années, la machine revient à l'atelier : elle ne sélectionne plus. Le test de la pile ne donne rien, pas de sélection, c'est donc un souci de Read-Out. Je nettoie et vérifie l'ensemble des circuits (detent switch, patins et plots tormat, ...) et la machine commence à sélectionner une position sur 5 ! Mais cela reste peu stable et très incomplet. je vérifie le circuit de détection de l'impulsion tormat et découvre que le condensateur C04 est HS. Remplacé, la machine ne rate plus aucune sélection. A remplacer systématiquement je pense.

Mais ce n'est pas fini, les sélections au clavier ne se font pas. Cette fois c'est un souci de Write-In, c'est étonnant d'avoir 2 pannes sur la même machine. Les lampes du clavier se comportent normalement et le scan du phono démarre. J'échange la boite grise, mais rien ne se passe. Après de longues réflexions, je suis contraint de commencer à mesurer les signaux entrants et sortants de la boite grise à l'oscilloscope. En regardant de plus près un des 2 connecteurs, je constate qu'il a perdu son détrompeur. Et bien sûr le connecteur était inséré à l'envers ! Heureusement ce n'est pas destructeur car il n'y a des liaisons que d'un seul côté. Je remets un nouveau détrompeur en coupant une petite pièce en plastique, et voilà : sélections parfaites !

3^ème machine

Machine en bon état. Bizarrement, quelqu'un a installé un bouton poussoir pour mettre du crédit ! Alors qu'il suffit de retirer la carte de programmation de la boite noire ! J'enlève tout cela. Sur ce modèle on trouve un petit switch "Selection  Bypass" (utilisé par le technicien pour faire des tests) qui pose souvent des problèmes, je l'enlève complètement, ça fait un risque de moins. Je lubrifie le phonographe et le teste à la main, tout a l'air OK.

Dans le contrôleur je découvre encore un truc original : quelqu'un a soudé un brin de cuivre en parallèle du fusible ! Je coupe le fil, le fusible est bon ! Alors là, je ne comprends plus ! Seule explication sensée probable : quelqu'un a soudé ce brin pour remplacer un fusible claqué et plus tard quelqu'un d'autre a trouvé un bon fusible et l'a remis sans se rendre compte qu'il y avait déjà un fil sous le châssis !

Les tensions sont bonnes, je connecte les 2 boites et allume la machine (sans l'audio). Le clavier réagit, le scan démarre mais aucune sélection ne se fait. Je fais le test de la pile sur le contrôleur, il déclenche bien, je fais le test de la pile sur la barre tormat, aucune sélection. Problème de read-out donc. Je nettoie les plots de la rampe, décrasse les frotteurs, toujours rien. Je mesure le detent switch à l'ohmmètre et ... rien ! Jamais aucun contact ! Je le démonte et constate le problème : la lame de retenue qui permet le réglage est trop pliée en arrière, voir photo ci-dessous. Encore quelqu'un qui n'a pas bien compris le fonctionnement de la machine ... Je redresse la lame arrière, décrasse les grains et règle au plus près le contact avec la vis prévue à cet effet. Et devinez quoi ? La machine sélectionne à nouveau ! Dans ma séquence de tests (100, 111, 122, ... 177, 178, 179, puis pareil dans les 200), il ne prend pas le 111 et le 122, mais bien le 211 et le 222. En faisant les tests en détails, il ne prend jamais les disques 11x à 12x, mais en rate parfois d'autres, alors que toutes les faces B passent. Je démonte le bloc frotteurs tormat et redresse le patin des faces A qui me semblait ne pas beaucoup faire pression. Et bingo, toutes les sélections passent !

Il reste l'ampli. C'est un SHP1 de toute première génération, les circuits imprimés sont bruns et le câblage direct des 4 fils de bias ne sont pas faits. Je les réalise car dans un push-pull classe AB, on ne peut jamais avoir de faux contact dans le circuit de bias sous peine de destruction de tous les transistors de puissance et drivers, résistances de puissance et autres ! A l'époque Seeburg a eu pas mal de soucis avec ce design, à lire ici. Je remplace les condensateurs défectueux détectés par mon ESR, ainsi que les résistances de l'étage driver de 560 ohms par des 100 ohms métal anti-feu. Les 2 transistors 2N3055 du canal droit sont claqués, je les remplace et vérifie le reste des composants.

Je règle encore le point d'entrée du disque et remplace un des 2 ressorts du bras de lecture qui a été raccourci et qui empêche l'aiguille de lire les disques en faces B !

Et voilà, fonctionnement et son nickel !

4^ème machine

Et encore un Olympian, mais celui-ci a une particularité, il est 100% américain, donc il fonctionne en 110V (pas un problème) mais 60Hz. Pour l'électronique ce n'est pas une problème puisque tout foncitonne en courant continu (-27V, -13V, +27V, ...), le souci est pour le moteur et la mécanique du phonographe qui est calculée pour faire tourner le disque à 45 tours par minute avec du 60Hz. Comme en Europe, il sera alimenté en 50Hz, le disque tournera donc 17% moins vite, cela ne semble pas beaucoup, mais les chanteuses vont devenir ... des chanteurs et les morceaux de rock ... des slows !

Par curiosité, je jette un coup d'oeil au 4 cas possibles et leurs répartitions sur la planète. Il est amusant de découvrir que le Japon est en 110V, mais à 50Hz au nord et à 60Hz au sud ! Où cela se corse c'est quand on regarde les normes des fiches et prises de par le monde ...

Tous les moteurs de phonographes Seeburg sont des 117V 60Hz qui consomment 45W, donc en Europe les moteurs ne tournent pas à la fréquence prévue ! C'est le 1^er groupe d'engrenages qui détermine la vitesse de rotation finale du disque. Pour les identifier, Seeburg a choisi un identification étonnante : un tache de peinture sur le côté du grand engrenage ! Bleu = 60 Hz et jaune = 50 Hz.

Pour faire tourner correctement une machine américaine en Europe, je vois plusieurs solutions possibles :

• acheter un convertisseur de tension (220V->110V) ET de fréquence (50Hz->60Hz). Je pensais que ce genre de double convertisseur serait du matériel courant, et bien non, je n'ai trouvé que ceci ... en promotion à 2.273 dollars (+ 300 dollars de port) ! On oublie ...
• acheter un jeu d'engrenages "50Hz", comme vendu ici, c'est rare et cher et cela va demander des heures de travail pour démonter et remonter la mécanique car il faut sortir les 2 axes (Voir cette page).
• adapter un module d'autospeed ! Idée très originale et intéressante. Au début des années 1960, Seeburg était persuadé que les petits 33 tours allaient remplacer les 45 tours et ils ont fabriqué des machine "natives" en 33 tours. Un module appelé "autospeed" était activé pour modifier la fréquence de rotation du moteur lorsqu'un 45 tours était présenté. Le changement de vitesse est commandé par un petit contact qui détecte la taille du trou central du disque ! Voir détails de fonctionnement ici. La différence de fréquence 50-60Hz est de 17% alors que la différence de vitesse 33-45 tours et de 36%. Je ne sais pas si la plage de réglage de l'autospeed permet de faire cela. Je n'ai pas cet équipement en réserve et je n'en trouve pas à des prix raisonnables sur internet, donc j'abandonne l'idée pour l'instant.
• mettre un transformateur 220-110V classique et puis un convertisseur de fréquence, soit pour alimenter toute la machine soit uniquement le moteur. Je trouve de nombreux convertisseurs de fréquence utilisés pour commander la vitesse de rotation de moteurs triphasés à des prix très raisonnables. Qui peut le plus peut le moins, l'appareil est capbale de piloter une machine triphasée, donc en principe, piloter un moteur monophasé ne devrait poser aucun problème. Vu le prix, je prends le risque et commande ce modèle.

En attendant, je dépose le phonographe et fait l'entretien. Surprise, les 3 fils qui mènent au condensateur de déphasage du moteur n'ont jamais été soudés ! Oubliés, mais bon la machine a tourné jusqu'ici ! Le souci est vite résolu.

Je vérifie le contrôleur, pas de souci, j'ai juste failli l'alimenter en 220V ! Pour définitivement éviter ce genre de risque de distraction désastreuse, je décide de coller systématiquement une bande d'adhésif rouge sur laquelle j'écris "110 V !" sur toutes les fiches, et ce dès réception de la machine.

Ensuite je passe à l'ampli ... qui a pris un fameux coup ... je vois sur le circuit imprimé qu'une des 4 résistances 100 ohms du circuit driver est grillée-explosée, un très mauvais signe. Et de fait tout le canal gauche a grillé : la résistance de 100 ohms, les 2 transistors drivers, le fusible principal, une résistance de puissance et bien sûr les 2 transistors de puissance ! J'en profite pour remplacer pas mal de condensateurs chimiques "fatigués". Je remplace tout cela et redémarre en douceur (lampe en série dans l'alimentation et sans les transistors de puissance), c'est bon c'est stable. Je remonte les anciens et nouveaux transistors de puissance et c'est reparti !

Je neutralise le contact "Selection Bypass" source inutile de problèmes. J'allume la machine "à vide" et le fusible principal de la machine claque ! En fait c'est un des 3 ballasts des tubes fluorescents qui est en court-circuit. Je remonte le contrôleur, l'ampli, les boites noire et grise et le phonographe et démarre. Le phonographe scanne mais le clavier ne permet pas les sélections, je décrasse le clavier et de suite les sélections se font correctement ... mais au premier reject, le phonographe reprend toujours le même disque. Je connais ce comportement : un contact sur le phono ne ferme pas et ne fait pas le reset du thyristor. Thyristor qui reste passant et déclenche à nouveau la bobine de trip dès la sortie du mode play. Facile, sauf que le contact (3M1) est bien fermé, mais le trip relais reste collé en permanence dès sa 1^ère activation. Il me faudra un certain temps pour comprendre que le contact 3M1 est fermé en permanence ! Donc que ce contact soit ouvert ou fermé en permanence, il provoque le même souci, le phono reprend toujours le même disque. Il me suffit de régler la lame fatiguée pour que tout rentre dans l'ordre.

Je mets un disque, monte le volume ... et rien ne sort des haut-parleurs ! Pourtant l'ampli fonctionne. En fait au moment du "poc" de l'aiguille sur le disque, l'ampli se met en sécurité, le circuit de protection (signal SOS) est activé. Ce circuit est manifestement trop sensible, puis je me rappelle que j'ai remplacé la résistance de puissance de 0,2 ohm 5W par une résistance de 0,68 ohm ... car je n'en ai pas d'autres ! Comme le circuit de protection estime le courant de sortie en mesurant la tension aux bornes de cette résistance, la valeur mesurée est faussée par la trop grande valeur de la résistance. Comme il va être compliqué de modifier le circuit de protection et que ce circuit n'est pas réputé pour son efficacité, je décide de le désactiver en coupant le fil SOS entre la carte driver et la carte préampli.

Et voilà la machine tourne ... trop lentement comme prévu. Reste à attendre la livraison du convertisseur ...

Solution mécanique à un souci électrique

Quelle n'a pas été ma surprise quand le vendeur chinois du convertisseur m'a informé que les douanes belges interdisaient la vente de ces convertisseurs de fréquences, le paquet a été rejeté deux fois. Je soupçonne que ce matériel de puissance prévu pour piloter des moteurs triphasés ne répond pas aux normes de sécurité ou aux limites d'émissions d'interférences. J'ai aussi l'impression que, suite au Brexit, les services de contrôles douaniers ont été renforcés. J'explique que j'ai des amis un peu partout en Europe et qu'une livraison pourrait être tentée en France, GD Luxembourg, Allemagne, Espagne, Portugal, ... Renseignements pris, le vendeur me confirme qu'il ne peut plus livrer qu'en Angleterre ! N'étant plus soumis à la législation européenne, le Royaume-Uni est déjà devenu plus laxiste. Mais faire livrer en Angleterre pour me renvoyer le paquet en Belgique ne résoudrait aucunement le problème, car soit le paquet sera bloqué ou taxe d'importation, TVA et frais administratifs  exorbitants seraient dus.

N'ayant pas de module autospeed en réserve et pas facile à acheter sur internet, je suis obligé de passer à la solution mécanique. Heureusement, j'ai quelques cadavres de phonographes qui trainent et je récupère les 2 précieux engrenages.

Je dépose le châssis 60Hz, et le démonte en suivant la procédure de Thierry04, pas trop de problèmes, il faut juste être précis et attentif. Il est indispensable d'avoir les bons outils et la bonne méthode, par exemple, pas question d'abîmer une vis en croix grippée au risque de ne plus pouvoir continuer le démontage. Finalement il ne me reste plus qu'au faire tomber les 2 goupilles coniques qui maintiennent 2 engrenages sur l'axe horizontal. Je tape de plus en plus fort sur mon chasse-goupille, mais rien n'y fait, elles ne bougent pas, et je finis par plier mon outil ! Argh ! Je compare à une autre machine et je constate que les goupilles ont vraiment été forcées très (trop?) loin.

Rien à faire, impossible de les retirer. Je n'ai pas d'autre solution que de les forer à la perceuse. C'est moche, car je vais détruire les goupilles et foutre plein de copeaux métalliques partout ... Les goupilles ont une tête de 3,3 mm et une pointe de 2,9mm, je perce 1 cm de long avec un forêt de 2 mm. Et là après un bon coup de chasse-goupille elles finissent par céder, ouf !

Je découvre une vis perdue, mais bien "enfermée" sous les engrenages ! C'est peut-être cela la cause du bruit que j'entendais par moment (après remontage, je confirme que c'était bien ça !). Pour récupérer les copeaux j'utilise un outil bien pratique : un aimant fixé au bout d'une tige télescopique (genre antenne radio FM). Cela marche très bien et je nettoie encore bien avec un chiffon par après.

Le remontage se fait sans problème, les têtes des nouvelles goupilles restent bien franchement apparentes. Les originales avaient vraiment été trop enfoncées ! Remplacer ces 2 engrenages reste quand même une opération longue et complexe. Pour convertir un juke box importé des USA pour l'Europe, il faut encore rajouter le transformateur 220-110V et son installation. J'estime le coût des pièces et main-d'oeuvre pour cette opération à 500 euros, donc faire venir des machines des USA n'est pas forcément rentable ...

Je remonte le châssis dans la machine, la vitesse est bonne ! Mais le son est aléatoire, il disparait, revient, craque et claque, je coupe vite pour éviter d'endommager l'ampli. Je connais la cause, c'est le socket à 4 broches en bout de bras de lecture qui maintient la tête et les aiguilles qui provoque des faux contacts. Le problème est confirmé par l'ohmmètre il saute de +-400 kohms à l'infini. La panne est simple, il suffit de serrer les pinces et de ressouder les fils, mais l'opération est délicate (voir Mardi-Gras) : il faut redéposer tout le châssis, tirer les très fins fils, les dénuder, sortir les broches et les resserrer, ressouder ...   Et zut, j'ai sans doute provoqué ce défaut avec mes frappes violentes pour décoller les goupilles, car le problème n'existait pas auparavant. De la même manière l'aimant s'est décollé suite aux chocs, heureusement lorsqu'il tombe il se recolle magnétiquement juste en dessous ! Un coup de Loctite et c'est reparti. Par contre, la remise en ordre du socket de la tête me prend 1h30 !

Je remonte le chassis est cette fois la machine ne sélectionne plus ! En fait la petite fiche qui raccorde la masse entre les 2 connecteurs de la boite grise est tombée ! Encore un effet de l'âge et de l'usure. Cette fois tout fonctionne, il sélectionne, la vitesse et le son sont bons ... Mais on entend du bruit dans les haut-parleurs pendant le scan ! Cette fois c'est le relais de mute de l'ampli qui ne coupe pas (en fait met à la masse) le son, il me faudra le décrasser aussi. Il reste encore une résonnance dans les basses, comme souvent.  Je vais sans doute devoir changer le flextor.

Faisable mais pas évident cette conversion USA vers UE !