Schmitronic
Réparations d'appareils électroniques vintage
Réparation d'un juke-box Seeburg Sunstar de 1976
Les juke-boxes commencent à défiler, il faut dire qu’ils sont rares et qu’il y a de la demande. Mon partenaire en a acheté 3 dans un lot : un Matador, un Mardi-Gras et un Sunstar, tous des Seeburg. C’est manifestement la marque la plus courante en Europe, comparée aux Wurlizer et Rock-Ola beaucoup plus rares. De plus il a reçu en bonus pas mal de pièces de rechanges : boîtes grises, boîtes noires, boutons de volume motorisés avec leur télécommande, ampoules de tous types (super !), aiguilles (super !) et 2 phonographes, dont un avec son panier à disque ! La documentation technique se trouve ici.
Je commence par m’occuper du Sunstar car il fonctionne, il reste juste un « chevrotement » du son sur les notes longues, au lieu d’être tenues, il y a un sérieux tremolo (modulation d’amplitude) et petit vibrato (modulation de fréquence). Je me dis qu’il suffira juste d’une petite lubrification pour qu’il soit vendable … j’oubliais qu’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué …
The Ring
La machine arrive, ce qui me frappe est la décoration lumineuse qui forme un grand cercle constitué de 60 petites ampoules commandées par un chenillard électronique à 5 pas qui donne l’impression que des points noirs tournent. Quelques ampoules ne fonctionnent pas évidemment, le cercle est constitué par 6 rampes courbes de 10 lampes couplées 2 à 2, et en les démontant la moitié des ampoules tombent littéralement, tous les fils de ces ampoules en forme de goutte d’eau sont sans socket et sont oxydés. Comme j’ai un important stock de LEDs oranges, je remplace les ampoules pas ces LEDs montées avec une résistance de 820 ohms en série (alimentation en 9VDC). L’effet est quasi parfait, voir ci-dessous. Le séquenceur électronique est rudimentaire mais efficace.
Patrik Danielsson, restaurateur suédois, me demande si j'ai changé quelque chose dans le séquenceur pour faire fonctionner les LEDs, car chez lui cela ne fonctionne pas. En rajoutant une résistance de 10 ohms dans chaque branche, son circuit fonctionne. En vérifiant, je me rends compte que je n'avais pas remplacé toutes les lampes par des LEDs, mais uniquement l'arc inférieur. Donc voilà pourquoi cela a fonctionné chez moi : il restait la moitié de la charge. D'après le schéma, on voit que les lampes sont allumées par défaut, donc les transistors sont polarisés "passants" à courant maximum. L'impulsion du compteur coupe chaque transistor à tour de rôle. Mais si le courant de sortie (à transistor coupé) reste à quelques dizaines de mA, alors les LEDs resteront bien allumées en permanence, puisqu'elles consomment peu ! Ajouter une charge à la sortie consomme ce courant résiduel et éteint les LEDs (Le schéma se trouve ici).
Quid de l’audio ?
Ensuite je retire la motorisation du bouton de volume et remonte facilement le potentiomètre sur la plaque arrière, c’est étudié pour. Je vérifie le son et constate que les canaux de sortie haut-parleurs ne sont pas connectés sur la même position de puissance ! Un canal est sur 8W et l’autre sur 16W, bizarre, je les reconnecte tous les deux sur la puissance maximum de 64W. En réglant correctement les contacteurs d’aigües, de basses, la tête de lecture, le préampli, l'ampli et tous les haut-parleurs, l'audio fonctionne parfaitement, ce n’est pas de la hi-fi mais il sonne bien et les basses décoiffent !
Il faut tuer la chèvre !
Je commence par déposer tout le mécanisme avec le chariot à disque, je l’installe sur une table, connecte du 120AC sur les bornes adhoc et branche un ampli guitare sur un des canaux de la tête de lecture. Comme un levier actionné manuellement permet de passer du mode scan au mode play, ce setup me permet de tester la mécanique et le son sans avoir à remonter l’ensemble dans la caisse à chaque fois (voir sur les vidéos plus bas). Seeburg a vraiment bien pensé son système.
J’huile le phonographe mais j’ai l’impression que le chevrotement empire ! Il semble qu’il y ait 2 causes principales à ce phénomène : le durcissement du flector (pièce de transmission en caoutchouc entre le moteur et le phonographe) et l’usure de 2 roulements à bille dans la partie tourne-disque, comme expliqué par Thierry ici.
Comme j’ai 2 phonographes de réserve, je démonte les flectors pour faire un remplacement, mais le donneur est clairement plus dur que l’original, donc je ne le remplace pas, cela ne peut pas provenir de cela. Le moteur est également entièrement monté sur caoutchoucs, qui sont encore souples, et il ne vibre pas de manière anormale. Tout semble donc OK de ce côté.
J’attaque le démontage du phonographe pour atteindre les roulements. Pour ce genre d’opération, il vaut mieux avoir le temps, être très calme et organisé. Je prends beaucoup de photos et je dépose les pièces dans de petits bacs rangés dans l’ordre du démontage. Il y a une came à bien repérer pour ne pas la remonter décalée de 180°! Il y a aussi un boulon quasi inaccessible pour lequel il a fallu se faire un outil ad hoc, des goupilles coniques à ne pas remonter à l'envers … Bref un travail délicat. Ci-dessous à gauche les roulements et à droite le résultat du démontage du phonographe "donneur" !
Les 2 roulements à billes ont l'air nazes, un plus que l'autre, mais ce qui est étonnant est qu’ils ne tournent pas vraiment, car l’axe tourne également. En fait leur rôle est de soutenir le lourd volant d’inertie dans l’axe et de permettre un peu de mouvement (quelques degrés) dans le jeu prévu par les caoutchoucs de transmission.
Je me dis que trouver de nouveaux roulements doit être difficile, j’identifie une petite inscription EZ00 qui ne m’aide pas. Je mesure les diamètres et épaisseur : 30 mm extérieur, 10 mm intérieur, 9 mm épaisseur, bizarre elles sont clairement métriques et non pas impériales ! Un site d’achat m’indique que pour ces dimensions la référence standard est 6200, ça me rappelle quelque chose … à ben oui EZ00 ! J’avais mal lu, à la loupe, je lis finalement 6200 ! J’avais oublié que tous les roulements à bille sont normalisés et en mesure métrique ! Je les commande pour quelques euros.
Après remplacement des 2 roulements et remontage de l’ensemble, le résultat est … mauvais ! Je crois même que c’est encore pire ! Déprimant.
J’envisage de remplacer complètement le phonographe par un de ceux de réserve, mais ce ne sont pas tout à fait les mêmes modèles, en plus ils sont beaucoup plus vieux et abîmés, il manque même tout l'arbre des embrayages sur un des deux ! Il ne faut pas rêver, ce sont sans doute déjà des pièces déclassées pour cause de problèmes. Je lis tout ce que je peux sur internet sur ce problème, mais rien d’utile ne se présente.
A force d’observer et de réfléchir, je constate que j’ai un peu de jeu transversal sur l’axe principal. Ce n’est surement pas normal pour une mécanique de précision de ce type où 4 engrenages s’enchainent. De fait les phonographes de réserve ne présentent aucun jeu. Je me dis que j’ai peut-être mal remonté l’ensemble. L’oubli d’une rondelle par exemple est un grand classique, mais ce n’est pas possible avec ma méthode de photos et bacs. Je regarde le plan « éclaté » qui identifie et montre l’ensemble des pièces. Sur ce schéma je découvre que le jeu de l’axe principal est réglable par une petite vis à 6 pans intérieurs montée sur le châssis en bout d’axe.
Cette vis dont l’extrémité est en demi-sphère appuie sur une bille d’acier logée dans une autre coupelle en demi-sphère creusée dans l’axe. Original comme système, il n’a sans doute jamais été huilé et il peut causer un sérieux frottement non uniforme.
Il suffit de desserrer le contre écrou, d’enlever la vis et de démonter la pièce de support pour découvrir la bille. Grosse surprise : la bille n’est plus qu’une demi-sphère tellement elle est usée ! Elle a un petit téton au milieu de la surface devenue plate par l’usure. L’extrémité de la vis est également plate et comporte un petit trou correspondant au téton central pour laisser passer de l’huile. La bille est complètement bloquée évidemment ! Je n’ai trouvé mention de ce type de problème nulle part, c’est étonnant car cela doit être courant.
Sur un des phonographes de réserve, la bille est toujours bien ronde et roule facilement avec le doigt, mais pas moyen de la sortir elle est comme sertie dans l’axe, et comme aucune prise n’est possible sur la bille, je ne vois pas d’autre solution que d’échanger les axes ! Des spécialistes me conseillent la soufflette, de chauffer au chalumeau et même d’y souder un support à l’argent pour avoir une prise pour tirer la bille. Il me semble plus sûr de faire l’échange complet des axes, car je ne veux absolument pas abimer la bille qui est en bon état.
La seule nouveauté est de désolidariser les 2 engrenages intermédiaires fixés sur l’axe par des goupilles. Ce ne sont pas des goupilles cylindriques creuses et fendues qui traversent la pièce et l’arbre de part en part comme celles qui fixent les cames du phonographe, mais ce sont des goupilles pleines avec une tête d’un côté et dont on ne voit pas l’extrémité de l’autre côté de l’axe, il y a juste un trou. Je me fais la main sur le phonographe de réserve et en un bon coup de marteau sur mon chasse-goupille, les goupilles bougent et sortent facilement. Parfait, il me faut à nouveau redémonter une partie de la mécanique comme lors du remplacement des roulements pour sortir l’axe qui tient la bonne bille.
Il me reste à faire pareil sur le phonographe à réparer. Mais cette fois pas moyen de débloquer les goupilles des engrenages. Je frappe et frappe … jusqu’à casser mon chasse-goupille ! Là je commence à m’énerver ce qui est très rare chez moi. Finalement avec ce qui reste de mon chasse-goupille et des coups d’une violence rare, elles finissent par céder et je peux enfin sortir cet axe avec sa bille bloquée/usée. J’échange l’axe et le remonte, je ne parviens pas à enfoncer les goupilles comme à l’origine, mais le mécanisme peut tourner, j’espère ne pas créer de balourd avec les têtes des goupilles qui dépassent plus que d’origine.
Bref, 2 heures de boulot plus tard, je peux enfin tester. Cela va beaucoup mieux, le son de la majorité des morceaux un tant soit peu rythmés est correct, mais les notes « tenues » et les « nappes » de violons font encore un léger trémolo, ce n'est pas acceptable.
Je me suis aussi rendu compte que les 2 arbres verticaux (moteur et embrayages) comportent également une bille en fin d’axe. Je les inspecte, elles ont bonnes, je regraisse le tout et ajuste la vis d’arrêt au mieux, ni trop serrée ni trop lâche, délicat. Mais cela ne change rien au problème qui m’occupe.
J’ai encore un doute sur le moteur, c’est le modèle japonais Nidec et on sent bien ses vibrations. Comme j’ai 2 moteurs américains Bodine sous la main, et même s’ils sont moins puissants, ce n’est pas compliqué de faire un test. Quatre fils soudés plus tard, le moteur transplanté démarre sans souci, j’entends un léger mieux mais ce n’est toujours pas suffisant.
J’ai donc presque tout remplacé … sauf le flector. En désespoir de cause, je l’échange contre un autre qui semble plus vieux et surtout qui est plus dur … et là bingo, ça marche ! Ce qui restait de chevrotement a disparu ! Moralité : ne pas toujours se fier aux principes théoriques, seul un essai tranchera. En effet, en principe le plus souple devait être le meilleur … et bien non, ici, il avait peut-être un défaut d’usure (excentricité ?) qui détruisait totalement le bénéfice de sa souplesse.
Clavier sensible
Le clavier est très sensible, dès qu’on touche le "1" ou le "2" pour faire une sélection, il fait 11x voire 111 ou 22x voire 222 ! C’est toujours Thierry qui me donne la solution : le contact général peut être réglé pour corriger ce défaut (page 8). Aussitôt su, aussitôt fait, merci Thierry !
The last disk
L'essentiel fonctionne maintenant, je remarque que le dernier disque (179) se charge mais mal : il reste coincé à moitié dans le casier ! Par contre, lorsque j'actionne lentement le mécanisme à la main, il prend parfaitement le disque. Après avoir très attentivement observé la prise de disque en fonctionnement normal, je constate qu'il monte bien puis rebondit assez fort contre la butée extérieure et retombe à moitié dans le casier, avant que la toupie de centrage n'avance et ne coince le disque de travers ! En regardant à la lampe de poche comment le disque retombe dans le casier, je découvre qu'il tombe à côté du bras en "V" qui monte le disque sur le phonographe, donc entre le bras et la paroi du casier ! La dernière paroi du panier a bougé et l'espacement pour le dernier disque est trop large ! Il me suffit de doucement pousser cette paroi pour mieux "serrer" le disque à la largeur du bras pour que tout rentre dans l'ordre. Quelle belle mécanique, c'est quasi de l'horlogerie.
Il me reste encore à remplacer une ampoule d'éclairage des sélections, heureusement qu'avec l'achat des 3 juke boxes nous avons reçu tout un casier de pièces de rechange, car ces petites ampoules sphériques sont de 28V, donc rares et chères !
Le phonographe fait encore un sifflement métallique lors du scan. Il me faut mieux huiler l'arbre d'embrayage, mais il est quasi inaccessible. Je finis par retrouver une petite burette d'huile avec un long bec métallique et avec le mécanisme à fond à gauche et en tenant la burette à l'envers et quelques contorsions j'arrive finalement à verser de l'huile de moteur (diesel !) sur l'engrenage et la fourchette. Le résultat est immédiat, il scanne tout le magasin de disques à l'aise et sans bruit.
2ème machine
Arrive une épave, un Sunstar …. Chouette design encore une fois de la part de Seeburg, mais le décor principal en demi-cercle coloré tombe tout seul, les membranes des woofers sont déchirées, le phonographe est en travers, les barres guide du chariot de popularité tombent toutes seules ... les anciens propriétaires ont dû jouer au football avec ! Mais comme la maison ne se laisse jamais abattre et a pitié de cette pauvre machine, elle s'y met.
Je commence par le contrôle électrique des masses, la remise de cosses manquantes et l'enlèvement du câblage de commande à distance. Puis je passe au ramassage des objets en fond de caisse, cette fois j'ai trouvé un chip incroyable : un vieux processeur Z80 avec les pattes toutes rouillées ! Non seulement cette machine n'utilise pas de microprocesseur mais en plus Seeburg, à ma connaissance, n'a jamais utilisé de Z80 !
Comme d'habitude je dépose le châssis du phonographe et fais l'entretien classique déjà expliqué dans d'autres pages. Ici les seules choses inhabituelles ont été :
- De revisser une barre de guidage du système de comptage de popularité
- De limiter le jeu de l'axe horizontal, car la bille en bout d'axe est usée, j'ai lubrifié et resserré un peu
- La bobine de "trip" n'était plus fixée ! Sur les 4 vis de support, 2 manquent et 2 sont cassées net à ras de la plaque ! Je me demande ce qui a pu arriver, c'est impossible en usage normal, surement une enclume qui a dû lui tomber dessus …
- A la main, le phonographe passe correctement tout le cycle sur les 2 faces des disques, mais le disque frotte contre la paroi du panier. Je vois que le bras qui amène le disque ploie de 1 mm sur le côté quand il entre dans le panier … Cette fois le phono est pourtant bien positionné (contrairement à celui du Mardi-Gras) et n'offre pas de jeu latéral. Donc je décide de déplacer le panier à disque de 1 mm. Les 4 grosses vis sont très (trop) faciles à dévisser, ce qui prouve que quelqu'un y a touché, ce n'est plus le réglage d'usine. Car réglées d'usine, il faut taper à la masse sur les vis pour les débloquer ! Une fois bien réglé, le bras passe tout droit du disque 100 au 179 et il n'y a aucun frottement.
Après remontage du phonographe dans la machine, je m'attaque au contrôleur. Il manque le -27 et le -13V, ces tensions sont liées et c'est classique. Après diagnostic, il s'avère que c'est simplement le fusible qui est claqué. L'écart de tension entre les 2 alimentations ne doit pas dépasser 14,5V, j'ai 14,7V, mais bon c'est à vide, je prends le risque. Je vérifie également le circuit de "Tormat sense loop" avec une pile de 1,5V à l'entrée Cinch marquée Tormat et j'entends le trip relay qui déclenche, c'est bon.
Je nettoie et règle le clavier, vérifie bien le type et l'état des 4 ampoules qui répondent au clavier (select, 1st digit, 2nd digit et reset), j'installe les boites noire et grise et démarre. La lampe select s'allume, mais dès que je pousse sur une touche, la lampe reset déclenche, pas moyen d'entrer une sélection, la touche reset éteint bien la lampe reset, donc la boite noire fonctionne correctement. A un moment l'appui du chiffre 2 fait allumer la lampe 1st digit ! Il y a de l'espoir. Mais j'ai beau re-nettoyer et régler le clavier et même l'échanger, rien n'y fait, reset, reset, reset. Je vérifie aussi à l'ohmmètre les liaisons filaires entre le clavier et la boite noire à partir des cosses des fiches, tout est normal. Mais je constate que si je presse sur le connecteur qui va sur la petite carte vissée à l'arrière du clavier, le chiffre "2" s'enregistre de temps à autres. En inspectant attentivement ce connecteur je vois 2 cosses affaissées. Je les touche avec un tournevis … et les morceaux tombent ! Ce sont les liaisons 11 et 12 qui relient le clavier et la carte et que je n'avais pas testées évidemment, car je m'étais concentré sur les liaisons entre clavier (+carte) et la boite noire et pas sur les liaisons inter-clavier ! Comme quoi, il faut bien regarder et comprendre les schémas pour ne pas passer à côté. Après remplacement des 2 cosses, tous les chiffres sont lus correctement par la boite noire, il n'y a plus de reset anormaux. Et le scan démarre, s'arrête au bon endroit, prend et joue correctement le disque. Après quelques essais systématiques (100, 111, 122, … 200, 211, …) je me rends compte qu'il y a un problème avec les chiffres 2, 5, 8 et 9, par exemple la sélection 222 est bien reçue par la boite noire mais le scan ne démarre pas, 159 au clavier prend le disque 130 ! en fait un 5 est remplacé par un 3, le 8 par un 1 et le 9 par un 0. Les chiffres sont codés par la boite noire et envoyés sur un bus à 4 voies à la boite grise. Avec la table de codage, on constate facilement que la ligne "data B" n'est jamais lue à l'arrivée ! Ce signal ne passe jamais à la masse. Je sais que ce bus passe par une carte "buffer" dans le contrôleur. Cette carte permet d'accepter les signaux qui viennent d'autres boites noires montées dans les consolettes, ces commandes à distance. Je vérifie le transistor d'entrée de la ligne B et de suite à l'ohmmètre je constate qu'il est mort. Je le remplace et hop tous les chiffres sont à nouveau bien transmis !
Il ne reste plus qu'à mettre la partie audio en ordre. En fait l'ampli est OK et les tweeters aussi ! Par contre les 2 woofers ont leurs membranes déchirées en plusieurs endroits, c'est triste à voir. De plus, un des deux a les 2 fins fils, qui sortent de la bobine et sont collés sur la membrane, sont oxydés et ne conduisent plus. Je crains de devoir en commander des nouveaux. Je le dépose quand même et essaie de retrouver un peu de cuivre solide sur les 2 bouts de fil de la bobine, j'arrive à décrasser 1 mm sur les 2 fils juste à l'entrée de la bobine. Je décrasse le bout des 2 tresses de cuivre qui arrivent par l'arrière et qui traversent le cône cartonné, rajoute 2 nouveaux brins et essaie de souder cela correctement, j'ai peur que mon fer ne brûle le carton du cône, mais non, il ne bouge pas. Finalement à la loupe et après plusieurs essais j'y arrive, ça a l'air de tenir. Je teste : 4 ohms, parfait !
Pour maintenir ces fils plaqués au cône j'hésite entre les noyer dans du vernis ou de la colle à bois. J'opte pour la colle à bois, facile à mettre, et en séchant elle forme une pellicule transparente légère et rigide, super. Mon épouse me donne du papier noir assez fin (60gr/m2), je le découpe, le mouille avec la colle, mouille le cône également aux endroits déchirés et plaque le tout ensemble, avec le doigt je presse le papier pour bien suivre la forme du cône surtout dans les ondulations aux bords, la colle est bien liquide, souple et maintient déjà bien le papier en place … et quelques heures plus tard, tous les trous, fentes et déchirures sont colmatées, les membranes des 2 haut-parleurs sont à nouveau parfaitement étanches à l'air. J'allume, lance un disque et "boum-boum-boum", les vitres de mon atelier explosent presque car j'avais laissé le volume presque à fond lorsque je n'avais que les tweeters connectés. Les basses décoiffent sacrément ! Je vois les membranes vibrer avec plaisir et comme le Sunstar est un modèle avec un énorme caisson de basses (il prend le tiers du volume de la caisse) et bien ça pète super fort et net ! J'ai bien fait d'essayer de réparer ces woofers maltraités ! Et j'ai trouvé une superbe méthode simple et rapide pour recoller les cônes cartonnés, vive la colle à bois !
La machine aura quelques soucis de sélections aléatoires chez le client. Après plusieurs passages sur place, il faudra ramener le phonographe. Comme j'ai un autre Sunstar en cours de restauration (voir ci-dessus) dont le système de sélection fonctionne parfaitement, j'installe les contrôleur et phonographe problématiques. Le souci est bien reproduit, j'échange les contrôleurs, ils sont tous les 2 bons. J'ai lu qu'on peut court-circuiter le detent switch pour faire des tests ... et hop, les sélections se font très franchement ! Je démonte ce contact, décrasse les plots de contacts bien noirs, rapproche les lames au plus près. Mais je me rends surtout compte que le plot mécanique qui pousse et active le contact ne le fait qu'en fin de course, donc sur une période très et sans doute trop courte. En effet, si le contact n'est pas fermé au moment exact où le patin passe sur le plot du tormat, la sélection ne se fera pas, le tore ne sera pas démagnétisé et détecté. Une vis permet de régler la position du contact, et je le place au plus près pour que le contact s'active le plus longtemps possible. Et depuis, la machine en rate plus aucune sélection. C'est la première fois que j'ai eu un vrai souci avec le detent switch. Bon à savoir et à faire systématiquement.
3ème machine
Une 3ème machine arrive, mon partenaire l'a déjà entièrement préparée (huile, lampe, nettoyage, ...), il n'y a que l'ampli qui a un peu de distorsion. Je l'allume et après quelques secondes les 2 transistors de puissance d'un des canaux chauffent à fond. Je plonge pour couper. Evidemment la polarisation (bias) n'était pas bonne, elle était à 1,85V au lieu d'un maximum de 1,65V. Je règle le trimpot et tout rentre dans l'ordre.
4ème machine
Machine en bon état, maintenance habituelle. Sur le contrôleur les tensions de -27 et -13V ne sont pas bonnes, le remplacement de la zener 13V résout le problème. Il y a 60 petites ampoules qui "tournent" autour du fronton rond et évidemment quelques unes sont cassées ou claquées. Vu qu'il y en a peu de défectueuses, je les remplace plutôt que d'installer 60 nouvelles LEDs, comme dans une des machines précédentes.
Au niveau audio, le mécanisme chevrote, je suis obligé d'installer
un nouveau coupleur caoutchouc. Il reste encore une résonance bizarre à
chaque coup de basse ... il me faudra quelques secondes pour comprendre que
c'est la plaque de fermeture de la caisse à monnaie qui a du jeu et vibre en
"accompagnant" la musique !
Le volume monte lentement en début de disque et parfois il ne monte pas du tout ! Le système automatique de contrôle du volume s'active très vite et trop fort, je décide de le désactiver, je remplace le condensateur C21 de 100µF par un de 47µF pour accélérer la "montée" en volume au démarrage du disque.
5ème machine
Cet exemplaire est pourri ! Il y a de la rouille et des traces blanches partout, les membranes des woofers sont déchirées à plusieurs endroits et ont déjà faits l'objet de recollages hasardeux ... ça promet. Mais en gros la machine fonctionne ! Après l'entretien habituel, j'attaque les problèmes.
Le support du fusible principal pendouille hors de son emplacement de montage sur le chassis de caisse ... et ses fils sont isolés avec du papier Tesakrepp ! Mon dieu avec du papier qui se décolle et prend l'humidité, j'hallucine une fois de plus ! Je fixe et isole tout cela au plus vite.
C'est bête mais la lampe de sélection des faces B (2xx) ne s'allume pas, il me faudra chercher longtemps pour découvrir que le socket de cette ampoule la languette de masse qui s'est oxydée et qui ne touche plus la bande de masse de cette rampe, on peut vite perdre beaucoup de temps pour des bêtises. Cette machine est vraiment oxydée de partout, elle a dû tomber dans le canal !
A chaque fin de disque, lors du transfert, j'entends un "clonk" assez puissant. En fait, la brosse qui nettoie l'aiguille est bloquée, et le ressort en "S" qui maintient les petits leviers qui activent la brosse est cassé : rouillé évidemment ! Comme il est impossible de dégripper le pivot de la brosse tellement il est rouillé (pourtant j'ai tapé au marteau !), je suis obligé de remplacer tout le mécanisme, ressort compris. Encore une conséquence de l'humidité ...
Les sélections se font bien sauf dans les x7x, j'ouvre la boite grise et dessoude le thyristor des dizaines de 7, il est bien claqué, je le remplace, referme et teste ... et c'est toujours pareil ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? J'inspecte le connecteur qui part vers la barre mémoire Tormat : la dernière cosse est cassée. Et devinez quoi ? C'est la ligne de la dizaine des 7 ! Donc, je parie que la cosse a cassé, elle est au bout du connecteur et est donc la plus sollicitée, faisant des faux contacts qui ont eu raison du thyristor.
Bizarrement les transferts de disques aux 2 bouts du panier se passent mal, le disque ne monte pas assez vite, reste bloqué entre deux, ne redescend pas, ... Je constate que le panier est mal positionné, le bras de transfert, frotte sur une paroi, ne prend pas le disque dans son "V", bloque, ... Même quand il tourne, le disque frotte contre la paroi du panier : il est mal positionné. Réglé d'usine, il est très difficile de dévisser les 4 grosses vis en croix (pas la meilleure idée ça) or ici elle se dévissent toutes seules ! Quelqu'un a donc déjà chipoté .... mauvais, mauvais. Voilà aussi pourquoi des marques ont été refaites pour repérer les N° de disques dans le panier. De plus la rampe Tormat a également été bougée et malheur : 2 vis de fixation sur les 4 se sont cassées dans le chassis ! Le chipoteur d'avant a même dû forer une alvéole et a installé un boulon avec un écrou à ailettes pour pourvoir remonter le bazar, et la plaquette qui maintient la butée réglable d'inversion des frotteurs tormat à disparu ! Une languette métallique a été montée à la 6-4-2 pour faire une butée ... aléatoire. Par étonnant que les sélection ne soient pas fiables ... Je règle le panier le bras de transfert conformément aux instructions Seeburg. Cela va déjà beaucoup mieux mais quelques disques en début de panier ne passent pas alors que tout est bien réglé. Je constate un espacement inégal entre les parois de séparation des disques à cet endroit, j'essaie de les redresser mais cela ne fonctionne pas, elles "flambent" et comme un ressort, les parois vrillent en "S" dans une sens ou l'autre, comme si elles étaient devenues trop longues ! Rien à faire, je suis obligé de remplacer le panier et du coup la barre Tormat et ses mauvaises fixations. Après cette grosse opération, tout rentre dans l'ordre. Je repositionne la rampe des contacts des lampes de sélection, efface le mauvais marquage manuel des positions de disques et recolle une belle bande avec tous les numéros, c'est quand même plus beau !
L'audio maintenant. L'ampli n'est pas coupé lors du scan : le relais mute est activé mais ne met pas les signaux audios à la masse, il faudra un décrassage des grains des contacts du relais, pourtant le relais me semble neuf, bizarre, mais ça marche. Le son est bizarre, malheureusement je constate que l'enroulement d'un woofer est mort, je le démonte et découvre le désastre, encore plus de rouille et de tâches d'oxydation blanches, et les membranes tombent littéralement en morceaux. A remplacer tous les deux sans hésitation. Tiens je constate qu'il y a une inversion : le tweeter gauche est sur le même canal stéréo que le woofer droit (et réciproquement évidemment) ! Pas étonnant que le son soit bizarre avec un mix pareil. Les gens ne sont quand même pas attentifs. Avec 2 autres woofers, la machine rattrape pas mal de son punch, le tout est déjà plus net.
Mais le son crache et est déséquilibré. Je remplace le potentiomètre de volume par un modèle standard, donc sans hi-tap et pouf quasi plus de basses, je n'entend aucune différence en ajustant le switch des basses à 3 positions du correcteur de tonalité. Argh, oui, le low-tap qui fait le loudness peut et doit être enlevé, mais pas le hi-tap car le pot de volume fait partie intégrante du correcteur de tonalité ! Voir les détails dans le cas du dépannage d'un Regency One-Sixty. Donc mon potentiomètre standard ne convient pas. Et les potentiomètres conformes coûtent 50 euros ! Je décide d'insérer un résistance "en haut" du potentiomètre pour recréer une position de high-tap ... et cela marche parfaitement ! Seul inconvénient, on ne peut plus mettre le volume à fond, puisque le potentiomètre ne peu pas aller au delà du hit-tap ! Mais dans un salon qui mettrait le volume à fond ? DOnc en fait cela protège même un peu l'ampli !
Le son est bon, il reste un souci, le son d'un canal arrive plusieurs secondes plus tard et reste plus faible. Je peux compenser cela en diminuant le gain de l'autre canal, mais cela ne me plait pas. Je vérifie le gain des canaux à l'oscilloscope et je constate bien la perte sur un canal. En fait l'AVC (Automatic Gain Control) fonctionne sur un canal mais plus sur l'autre. En mettant la borne "AVC disable" à la masse, les 2 canaux sont égaux et à fond ! Comme cet AVC n'est pas très utile dans un salon, je le laisse en mode AVC disable.
Et voilà !
6ème machine
Ce qui prend pas mal de temps avec les Sunstars, c'est de toujours devoir réparer le chenillard (1 capa et 1 diode) et de remplacer pas mal des petites ampoules (les fils sont oxydés et cassent). Un canal de l'ampli est claqué comme d'habitude, et après remplacement des transistors drivers et de puissance et d'une résistance de puissance, il est à nouveau bon pour le service. Il chevrote, il faut également remplacer le flector qui a durci et qui transmet les vibrations du moteur au disque.
Le futur propriétaire a demandé l'installation du Bluetooth, je refais le même système que sur le disco 6, mais au lieu d'un potentiomètre, je mets des trimpots.
7ème machine
Maintenance habituelle, le phonographe prend le disque et le rejette aussitôt, panne classique. Une bonne lubrification et c'est reparti. La machine ne sélectionne pas, le test de la pile est OK, donc c'est un souci de write-in. Après quelques tests et mesures, sur la boite grise, je constate que les pattes étamées sur lesquelles se broche les connecteurs sont fortement oxydées. Un bon coup de nettoyage à la gomme à encre et il sélectionne à nouveau parfaitement !
8ème machine
Maintenance habituelle. Le chariot de bras est bloqué, je dois le démonter et le décrasser pour le remettre en fonction. Les sélections sont peu fiables, le décrassage de tous les connecteurs des boites noires et grises resoud le souci. Aucune sélection en xx6 ne fonctionne, le remplacement du thyristor rend la machine opérationnelle à 100%.