Schmitronic
Réparations d'appareils électroniques vintage
Réparation d'un 2ème juke-box Seeburg Gem (1969)
A chaque nouvelle machine, je commence par enlever les câblages "en trop" : liaison de commande à distance, free play, moteur de bouton de volume ... et je vérifie l'alimentation et la terre. Ensuite je dépose le phonographe et fais l'entretien : huile, contacts, ... puis je teste en manuel si la mécanique fonctionne correctement. Tiens, il manque la brosse qui nettoie l'aiguille entre chaque disque ! Je démonte la brosse d'une de mes mécaniques désossées de stock, très utiles, j'ai déjà récupéré pas mal de pièces sur ces cadavres. De plus, ils me permettent de tester certaines opérations délicates (chasser les axes, démontage de ressorts, d'engrenages, de goupilles, ...) avant de les réaliser sur de "vraies" machines. Le charriot Tormat est de type "pin" à ressort et non à lames. Je comprends pourquoi Seeburg est passé aux lames car les pins sont très encrassées et l'une d'elles est bloquée. C'est logique, la pin verticale vibre rapidement et verticalement sur son ressort à cause des plots mais se déplace également horizontalement, ce qui mécaniquement provoque des efforts violent dans les 2 axes. Mais une goutte d'huile de machine à coudre suffira à la débloquer.
Pour le free play, beaucoup de choses semblent avoir été tentées : fils sur contact monnayeur avec bouton poussoir, relais bloqué, fils coupés, dents cassées pour ne plus déduire de crédit ... je remets tout ce que je peux comme d'origine et fixe un simple colçon qui empêche le levier qui soustrait un crédit de pousser sur la roue dentée.
Je vérifie le contrôleur : fusibles, contacts, tensions, ... Les tensions sont un peu hors tolérances, mais par expérience je pense que ce n'est pas un problème. Je vérifie aussi systématiquement les contacteurs de la plaquette "service", sources de bien des soucis. D'ailleurs il me faudra remplacer un interrupteur à glissière.
Puis je vérifie la partie audio, un woofer ne réagit pas, zut. En plus ils sont montés dans un caisson dont les vis tournent folles dans le bois de la caisse, il faudra en arracher l'une ou l'autre pour enfin déposer ce woofer. Comme d'habitude, la fine tresse de cuivre est cassée au passage à travers la membrane. Je reperce le trou, passe la tresse, décrasse le fin brin de fil qui part vers la bobine et qui ne dépasse que de 2 mm. S'il casse, le haut-parleur est perdu. Il faut gratter le vernis en douceur, mettre un peu de graisse à souder, puis déposer un goutte d'étain avec le fer, et on n'a pas droit à plusieurs essais. Ensuite venir y souder un autre brin qui va être soudé à l'autre bout sur la tresse qui apparait à travers la membrane. Puis on badigeonne de colle à bois pour fixer et rigidifier tout cela. Quel plaisir d'entendre le beau gros "Poc" provoqué par la connexion à une pile !
L'ampli est OK, il suffit d'équilibrer les gains entre canaux, connecter correctement le contact d'eject (le fil blanc était vissé sur la vis indiquée "fil brun", et bien sûr la vis identifiée "fil blanc" se trouve libre 2 cm à côté ! Pfff, certains ne savent même pas lire en français et se mêlent de réparer des machines aussi complexes que des juke-boxes ...
La machine est prête pour son premier test, j'allume, je sélectionne, il scanne, prend le bon disque et diffuse la musique ! Pas mal. Mais bon même nettoyées, les aiguilles donnent un mauvais son, je les remplace. Il y a aussi trop de basses à bas volume, je coupe le circuit de loudness, le son est déjà bien mieux.
Normalement pour sélectionner on appuie d'abord sur une lettre qui reste enfoncée puis un chiffre, la sélection se fait et les touches sont libérées. Or ici seules les touches des chiffres restent enfoncées en attendant l'enfoncement d'une lettre ! Je bascule le clavier (l'accès est bien fait), je nettoie les contacts, mais je vois surtout que les réglettes qui coulissent sous les lettres pour les bloquer sont engluées. Encore un fois un peu d'huile de machine à coudre placée aux bons endroits fait des miracles !
Voilà la machine fonctionne pas mal, sauf que j'entends un résonance sourde et continue très gênante. J'ai déjà eu cela, c'est d'origine mécanique, car si je soulève l'aiguille, ça s'arrête. Alors je :
- replace un joint de robinet sous le moteur à la place du joint caoutchouc qui a disparu
- lime la bride inférieure pour être sûr que le tube de lubrification du moteur ne touche pas le châssis
- vérifie si les réglages du jeu des 3 axes à engrenages du phonographe n'a pas une bille usée qui provoquerait une vibration
- commande et monte un nouveau coupleur en caoutchouc très souple
- il manque la résistance de puissance qui intervient en mode play pour limiter le couple du moteur (et donc les vibrations), j'en remets une
- vérifie les valeurs du double condensateur de déphasage (0,75 et 1,65 µF OK)
Mais après toutes ces opérations, rien ne change, la résonance est toujours aussi présent !
Mon doigt posé sur le châssis du moteur de 1ère génération Bodine m'indique quand même une bonne vibration électrique sur celui-ci. Comme j'ai un moteur de 2ème génération Nidec, je décide de faire l'échange. Le nouveau moteur vibre tout autant, mais par contre la résonance dans l'aiguille a quasi disparu. En inspectant le moteur Bodine, je découvre que le moteur n'a pas de souci, ce sont les 2 larges disques en caoutchouc qui sont très raides et n'amortissent plus grand chose ! Finalement, à l'usage, la vibration avec le moteur Nidec reste trop forte. Il me faut commander les bons amortisseurs. Cela coûte cher : les 2 disques, le coupleur et le joint inférieur sont des pièces très spécifiques et reviennent en tout à +- 100 euros ! Les anciens disques sont difficiles à enlever car on n'a pas accès ni appui pour desceller le disque intérieur. Je n'ai pas les choix, je dois déchirer et arracher le caoutchouc pour accéder à la bague intérieure et la desceller au marteau et au tournevis. A la commande des nouveaux disques il faut faire attention, il existe deux modèles, un pour chaque type de moteur, le diamètre de la bague intérieure est différent de 2 mm ... Mais heureusement, les nouveaux disques sont facile à mettre en place, ils sont très souples, et il faut frapper doucement la bague intérieure avec un petit marteau et un morceau de bois intercalaire et bien vérifier que la bague se place horizontalement. Et la bonne nouvelle est qu'après remontage, à l'écoute, en début de disque, c'est le silence absolu ! Il n'y a pas de miracle, avec ce genre de soucis, il faut un peu investir.
Après quelques heures de démonstration, le son devient de plus en plus mauvais : son sourd, faible, distordu et déséquilibré gauche-droite. Pourtant il est équipé de nouvelles aiguilles et les haut-parleurs et leurs filtres sont OK. Au banc d'essai, je me rends compte que les contacts du petit relais rond sous le châssis sont verts ! I faut dire que le capot a disparu et les minuscules contacts ne sont plus protégés. Un petit décrassage élimine la distorsion et quelques fluctuations de volume, mais je me rends compte que la reprise du volume sonore après mute prend 20 secondes ! Le condensateur C21 sur la carte commune dans la partie préampli détermine le temps de reprise. Il est de 100µF et je le remplace par un 47µF, le délai tombe à 5 secondes, ce qui est amplement suffisant.
Il reste à régler le déséquilibre des canaux stéréo : facile, il y a un réglage de gain sur chaque canal. Je remets les 2 trimpot à fond, l'onde sinus du générateur en entrée donne la même amplitude en sortie sur chaque canal. Or dans la machine, la musique est fortement déséquilibrée ... je décide de régler à l'oreille, mais dès que je touche d'un côté, l'autre canal varie aussi ! Impossible à régler ! Puis je me rappelle qu'il y a plusieurs circuits de commande du volume qui transitent par la carte commune du prémapli : 1) le mute et son redémarrage en douceur, 2) le reset qui coupe le son en cas de surcharge en sortie, 3) le squelch pour diminuer la musique de fond quand quelqu'un parle au micro (en option!) ... et 4) l'AVC (Automatic Volume Control) qui empêche les trop grandes variations de volume entre un disque calme et un morceau de hard rock ! Cela évitait au cafetier de devenir augmenter et diminuer le son entre les morceaux, le niveau sonore devait toujours rester le même pour ne pas ennuyer les clients. Les signaux de chaque canal arrivent par les bornes D sur la carte commune, et à l'oscilloscope, les 2 signaux sont très différents, donc un canal est perturbé ET perturbe le système d'AVC qui fait la moyenne des 2 canaux et module. Donc le système d'AVC ne fonctionne pas correctement et rend donc le réglage statique impossible. Je décide de désactiver tout le système et coupe les pistes qui sortent sous la borne D (voir schémas). Bingo, le son est à fond et stable des 2 côtés ! Pour une écoute dans un salon, la perte de l'AVC n'est pas un problème mais même un avantage, on a le son prévu par le fabricant des disques. Cette fois, la machine est en ordre, la qualité est parfaite.
Sélections fantômes
Après un an de bons et loyaux service, la machine déraille : elle sélectionne des disques au hasard, +-1 sur 3 ! L'intervention sera un peu lente car la panne est très inhabituelle et les interventions sur place ou par morceaux sont peu efficaces. Afin de ne pas lasser et noyer le lecteur, voici une explication structurée et résumée.
Constatations :
- juste avant l'apparition du problème le propriétaire avait avancé le phonographe pour changer les aiguilles
- dans l'alimentation, la résistance R3107 dans le circuit de lecture haute tension a grillé, remplacée OK, mais la cause reste inconnue
- le phono scanne et après un aller retour, fait des sélections aléatoires d'un disque sur 2 ou 3 !
- le phono seul, revenu chez moi, fonctionne correctement (test de la pile dans les 2 sens) !
- sur place je désactive le write-in totalement en débranchant la boite grise. On dirait qu'en scannant, il lit chaque plot correctement mais après la lecture, au passage, un write-in de certains tores se fait accidentellement ! Comment est-ce possible ? On dirait le Petit Poucet qui laisse des cailloux derrière lui en avançant ! Chaque tore est traversé par 4 circuits : donc ici pour créer une fausse sélection il faudrait générer une impulsion haute tension (via le plot de read-out), dans l'autre sens électrique que celui de la lecture, juste après cette lecture. L'activation de tores ne peut pas se faire via le circuit matriciel d'écriture (letter et number write-in) puisqu'il est débranché totalement ni dans la sense loop car l'impulsion sélectionnerait tous les tores et grillerait le thyristor de détection ! Bizarre.
Diagnostic :
- la machine complète revient chez moi, et lors du trip de scan en play, le différentiel saute ! Je mesure 250 ohms entre la phase et la terre, cela devient intéressant
- je tire quelques fiches sur le contrôleur et détermine vite que la perte vient du phonographe
- j'inspecte visuellement le phonographe et je vois la liaison inférieure de la résistance de puissance verticale en contact avec une des bornes de connections
- je constate que la plaquette de fixation isolante de la résistance a été cassée par accident, que le tout a bougé et que le fil qui dépasse de la soudure s'est fortement coincé sur la borne de connexion voisine ! C'est la borne inférieure qui va vers le detent switch ! J'ai dû tirer un bon coup pour détacher cet accrochage accidentel !
- je rallume ... et depuis la machine fonctionne parfaitement, chez moi et chez le client !
Explications :
- le 115V AC aux bornes de la résistance de puissance (qui réduit le couple du moteur en mode play) a donc été malencontreusement mis en contact avec le circuit de haute tension readout et amené aux tores via le detent switch, le frotteur tormat et le plot relié à chaque tore,
- le circuit normal haute tension est perturbé (d'où la résistance grillée au départ, la nouvelle a résisté !),
- le 115V AC est injecté à 50Hz dans le circuit de read-out et, via le detent switch et les lames en déplacement, active ainsi les tores au hasard des oscillations positives et négatives du 50Hz et du timing du detent switch. Très fort comme panne, heureusement que rien n'a grillé, le câblage de la rampe tormat aurait très bien pu être endommagée.
Cause originelle :
- dans le GEM le boitier accumulateur est monté sur le côté du châssis du phonographe. Lorsque l'on translate le châssis du phonographe vers l'avant il peut buter dans le boitier accumulateur ! Pour changer les aiguilles le propriétaire avait ainsi déplacé le châssis et le phonographe a sans doute buté lors d'un scan ou alors le phonographe était à l'arrêt en bord de châssis lorsque le châssis a été déplacé pour changer les aiguilles. La résistance qui se trouve au coin a dû être arrachée en cognant le boitier accumulateur,
- pourquoi le différentiel n'a-t-il pas sauté chez le propriétaire ? Peut-être parce qu'il n'y en a pas, mais il y a une mise à la terre,
- pourquoi le phono seul fonctionnait-il chez moi ? Parce qu'il était connecté sans aucune mise à la terre : donc mon différentiel ne pouvait rien détecter et le read-out n'est peut-être pas perturbé de la même manière par le 115V AC sans masse.
C'était une sacrée panne, comme quoi tout est possible !
3ème machine
Machine dans un état moyen, je refais la partie secteur qui a été mal rénovée. Je trouve un transfo 235V->115V en fond de caisse ! Dans les châssis que j'avais reçu auparavant tout était en 235V, mais de fait ici je trouve un contrôleur en 115V ! Bizarre. Je fais l'entretien standard du phonographe, le charriot de bras est complètement bloqué et je dois le déposer et "décoller" l'axe principale de coulissement. Je recolle aussi l'aimant tombé comme d'habitude. Sur le contrôleur, je dois remettre un nouveau porte-fusible car souvent l'original a perdu son "chapeau" et comme il n'est pas standard, je dois tout remplacer, ce qui oblige à agrandir le trou dans le châssis à la lime ... Je remplace encore un condensateur et les 4 portes-fusibles sur la carte d'alimentation.
Je remonte le châssis dans la machine, j'allume, je mets du crédit mais pas grand chose ne se passe, juste un relais qui colle dans le boitier accumulateur de crédit. La bobine clavier ne s'active pas. Vu l'état général du châssis, je décide de nettoyer tous les contacts ... et après ça, la bobine clavier s'active ! Je pousse une lettre et un chiffre au clavier ... et rien. La bobine de soustraction d'un crédit devrait s'activer puisqu'une sélection vient d'être faite au clavier, mais non.
Si je pousse à la main cette bobine de soustraction des choses se passent, mais elle vibre fortement, puis plus rien ... fusible claqué. Une fois remplacé, je comprends pourquoi la bobine vibrait : j'avais déjà mis le colçon pour bloquer le cliquet en crédit gratuit, mais le colçon est trop gros et empêche la bobine de soustraction de bien coller et d'activer son contact de maintien, du coup elle vibrait comme une sonnette. Colçon changé, souci réparé ! Comme quoi, il ne faut pas aller trop vite : d'abord faire fonctionner la machine comme à l'origine et puis seulement faire des modifications. On apprend tous les jours.
Le schéma m'informe qu'un contact se ferme lors de la pression du chiffre et un autre pour la lettre, les 2 contacts sont en série et une fois activés ils alimentent la bobine de soustraction. Je les nettoie et hop, la bobine de soustraction de crédit colle ! Et le reste suit : la bobine clavier décolle et libère les 2 boutons de la sélection, envoie une impulsion haute tension pour magnétiser le tore de mémoire du disque choisi, envoie une impulsion au compteur, et active la bobine d'addition du contrôleur, ce qui lance le moteur et le scan du phonographe, yahoo c'est parti ! Et ça marche, à hauteur du disque sélectionné, le phonographe déclenche et passe en mode play pour jouer le disque !
Parfois le scan ne s'arrête plus, le plongeur de la bobine de soustraction de scan dans le contrôleur reste parfois bloquée enfoncée. Bobine à ne pas confondre avec la bobine de soustraction de crédit dans l'accumulateur ! La doc n'est pas toujours très claire là-dessus. Je débloque les 2 vis de fixation de la bobine, la pousse le plus possible en arrière et resserre les vis en alignant bien l'axe de la bobine et de son plongeur pour éviter toute friction ... et ça marche. A certains moments lors du scan j'entends un léger bruit de frottement : comme le phonographe se déplace, son câble doit le suivre, en principe il glisse gentiment sur la grande plaque en bois, or ici il accroche dans 2 armatures métalliques vissées sur la planche ! Cela n'a aucun sens ! Je me rends vite compte qu'un ancien propriétaire a remonté ces butées d'arrêts et de fixations du mauvais côté de la planche ! Sapiens possède un cerveau constitué de plusieurs milliards de neurones qui lui permettent de réfléchir et de réaliser des choses extraordinaires, mais visiblement certains ne savent pas beaucoup s'en servir ... Désolé, moi aussi je fais parfois des choses peu intelligentes (voir plus loin), mais il y a des limites !
La bobine clavier s'enclenche pour permettre les sélections quand il y a du crédit et maintenant elle est activée en permanence (colçon dans l'accumulateur = crédit gratuit) et ... elle fait du bruit ! C'est une bobine puissante car elle active une tringlerie sur toute la longueur du clavier. Mais Seeburg a tout prévu : il y a 3 belles vis qui permettent de presser les tôles de l'entrefer et ainsi limiter les vibrations. Mais il ne faut pas trop les serrer non plus sinon le plongeur se bloque ! Les 4 vis de fixations sont toutes différentes, ce qui démontre qu'elles ont tendance à se desserrer toutes seules ... et qu'on a remis n'importe quoi. Il faut dire que ce sont des vis taraudeuses ... des boulons avec écrous auto-serrants auraient été mieux. Pour encore diminuer la propagation des vibrations j'ai inséré 2 bandes de caoutchouc épaisses entre la bobine et le châssis. Ouf.
Néanmoins, en free play, cette bobine reste collée en permanence, alors qu'elle n'a pas été prévue pour cela. En effet, elle se coupait lorsqu'un client avait fait toutes les sélections qu'il avait payées. Et donc elle chauffe et vibre beaucoup. Mais je ne peux pas non plus couper l'alimentation de la bobine et bloquer le clavier car c'est cette bobine qui libère les 2 touches du clavier une fois la sélection enregistrée. Une possibilité serait de n'activer la bobine qu'au moment de la pression d'une lettre ... Je ne suis pas le seul à y avoir pensé, c'est un truc déjà décrit sur internet. Le tout est de le faire de manière robuste et fiable. J'ai trouvé au magasin de bricolage des brides avec 2 fois 2 trous qui ont le même écart que pour les contacts de flippers ! Il me suffit des les plier en "S" pour avoir un bon support. J'assemble 2 contacts de flippers, les fixe sur la bride, taraude des trous sur la tôle du clavier et fixe le tout. J'ajuste les contacts au-dessus d'une pièce qui bouge lorsqu'on appuie sur une lettre. Je branche les 2 contacts (pour les 2 groupes de lettres) en parallèle et insère le tout dans le circuit de la bobine. C'est un peu de boulot, mais cette solution fonctionne parfaitement. Et la lampe "Sélectionnez" reste bien allumée en permanence.
Formidable, sauf qu'il ne prend que les faces A, pas les B ... je regarde les 2 pins de lecture tormat ... et un fil est cassé ! J'en ressoude un autre à la place, mais il est trop gros, pas assez souple, et il empêche la pin de rebondir sur son ressort. Il me faudra prendre le fil le plus fin de mon stock pour que cela fonctionne, précis comme design.
Au niveau ampli, rebelote, je dois remonter un support de
fusible ! Je vérifie les 8 transistors et les 8 résistances de puissances
associées, je dois remplacer quasi l'ensemble des composants du canal droit
: une résistance de 0,75 ohms 5W, les 2 AD149 germanium de puissance, un
transistor driver et le condensateur de sortie. Un driver de l'autre canal
est mort également. Le son sort fort et plus ou moins bon : en fait il y a
une distorsion dans les aigües à bas volume, le son n'est pas clair et
net. Je remplace les aiguilles et les ressorts, c'est toujours mieux. Avec
de nouveaux ressorts il faut toujours diminiuer la tension et surtout bien
les équilibrer avec la même tension pour chaque face car sinon ils se
contrecarrent et l'aiguille dérape.
Je remets l'ampli au banc d'essai
et vérifie les signaux à l'oscilloscope, de fait il y a de petits accros de
raccord dans la sinusoïde, le passage du signal d'un transistor à l'autre
n'est pas bon. C'est le but de la polarisation (bias) de bien ajuster le
déclenchement de chaque transistor au bon moment. D'habitude sur les amplis
à transistors silicium, ce réglage n'est pas critique, et pour ne pas
prendre de risque avec le courant de repos, je le laisse parfois à 0, et le
signal reste parfait. Or ici on a des transistors au germanium de
caractéristiques différentes et le bias est peut-être plus important.
J'essaie de régler la polarisation avec le trimpot prévu à cet effet, je
dois mesurer entre 20 et 40mV aux bornes d'une résistance de puissance, mais
rien ne se passe : j'ai 0 mV peut importe la position du trimpot ! Le
réglage du bias n'est pas possible ! Seule possibilité : les transistors
drivers remis n'ont pas les caractéristiques suffisamment
proches des originaux. J'avais mis des TIP41 et TIP42. Je recherche dans mon
stock et retrouve des 2N1711 (NPN) et 2N2905 (PNP) qui sont de vrais
équivalents aux transistors Seeburg introuvables. L'avantage est qu'on peut
les remonter dans les supports radiateurs d'origine. Le plus dur est
d'enlever les anciens ! Voir la
procédure
très bien expliquée par Thierry04 ici (chap drivers).
Cette fois j'arrive à régler le bias à 20mA, même si un trimpot est à fond, et à l'oscillo apparaissent 2 belles sinusoïdes ! Et dans la machine le son est juste parfait, on retrouve le punch habituel des Seeburg.
En tests, j'entends un léger frottement près du phono : le disque qui tourne frotte contre la paroi du panier ! En regardant de plus près je vois aux auréoles autour des vis de fixation que le panier a été remonté à une position légèrement différente ... et je me rappelle que mon partenaire m'avait indiqué avoir démonté le panier pour mieux nettoyer le mécanisme. Je n'aime pas cette méthode, car le panier est un des réglages critiques d'usine, de lui dépendent le bon passage des disques, du bras de transfert, mais aussi des plots tormat, des butées d'inversion de sens de marche, de soustraction, ... bref si on touche au panier, on doit revérifier l'ensemble, toute la machine est décalibrée. En fait je préfère enlever la crémaillère et sortir le phonographe, c'est plus simple et plus sûr. Au remontage, il faut juste replacer l'engrenage dans la bonne dent, on a une chance sur deux, et si c'est pas bon, on réessaie jusqu'à ce soit OK, mais au moins on ne doit rien recalibrer. Je déplace le panier d'1 mm, à nouveau pile contre les traces de graisse de l'ancien bord et hop le tour est joué !
Lors des silences en début et fin de disque, j'entends la vibration du
moteur, et comme d'habitude c'est le moteur qui s'est un peu affaissé et
touche la bride de support inférieure ce qui transmet la vibration du moteur
à tout le phonographe, je démonte la bride, donne quelques bons coups de
lime et remonte le tout. Facile ... sauf que je perds une des 2 vis de
fixation de la bride, elle va se loger sous le rail en dessous du moteur.
C'est toujours galère de travailler sur le phonographe quand il est installé
dans la machine. J'essaie de faire avancer le phonographe à la main mais
c'est trop dur, je le fais en lancement le moteur, mais je ne vois pas
apparaitre ma vis et à un moment, clac, le phonographe s'arrête net ! Zut,
la vis vient de mal se mettre et bloque tout ! Je manœuvre à gauche à
droite, rien à faire blocage total. Rezut, je dois encore une fois sortir le
châssis complet ! C'est pénible, il y a des câbles partout avec de vieux
connecteurs, il faut tirer difficilement les rails de support, puis porter
ce lourd mécanisme sur une table ... je vois la vis, elle est placée à
l'endroit le moins accessible du système et le tout est bien bloqué ... je
n'ai même pas accès à toutes les vis pour pouvoir retirer la crémaillère et
espérer sortir le phonographe. Je commence à devenir nerveux, car je ne vois
pas beaucoup de solutions ... Finalement je trouve une tige fine mais en
acier, je la glisse le long de la crémaillère sous le phonographe, jusqu'à
la vis (au jugé) et tape au marteau à l'autre bout, d'un côté, puis de
l'autre, puis je reviens et à un moment, paf la vis tombe ! Ouf ! Ouf ! Ouf
! Il y a quand même de grosses éraflures dans le châssis en aluminium ...
Je remonte le tout dans la machine, au passage j'arrache la fiche cinch tormat, argh, ça commence vraiment à m'énerver ... je ressoude les fils ... j'allume et rien ... le moteur ne bouge plus, le stress monte ... puis je vois qu'une fiche s'est détachée ... ouf le moteur démarre, prend un disque, le joue OK, le son à l'air bon maintenant, la vibration moteur a disparu, j'éjecte ... et il reprend à nouveau le même disque ... ad vitam eternam ! Argh ! Cette bête vis amène conneries sur conneries, je déteste ces régressions lors des restaurations. Ce phonographe fonctionnait parfaitement ... Le choc du blocage a dû dérégler le réglage délicat de passage de play en scan (et vice versa) : le réglage "clutch 1". Ron Rich dans son manuel explique que dans ce cas on peut tenter de résoudre le problème en descendant légèrement la vis de réglage clutch 1. Si on va trop loin le phonographe, au lieu de rejouer le même disque, reste là à tourner à vide (sits and spins). Il précise qu'un seul tour de vis permet de passer d'un problème à l'autre. J'effectue ces réglages (l'accès est difficile et il faut jouer en même temps avec 2 clés car il y a un contre écrou)mais je tombe de suite soit dans un souci ou soit dans l'autre. Un ennui est que lorsque le contre écrou est desserré, la vis principale bouge trop et comme elle sert de butée de précision de position, le réglage est aléatoire. Donc il faut à chaque fois resserrer le contre écrou pour fixer fermement la position. Finalement, après pas mal de temps, je trouve une position qui fonctionne, il y a moins d'1/4 de tour qui est OK ! Comme quoi, quand on perd une vis, une rondelle, un circlip, il faut impérativement le retrouver avant d'aller plus loin.
Le client a demandé de monter le boitier de commande à distance, d'habitude je les enlève ! Je remonte le tout, c'est quand même bien pensé. Sur la photo de l'ampli ci-dessous, n'ayant plus les chapeaux isolants d'origine, j'ai fixé des connecteurs électriques ... jaunes ! Il faut isoler la tête des transistors drivers car le moindre contact électrique de ces transistors avec la masse ou un autre potentiel détruirait l'ampli. C'est pareil avec les transistors de puissance, mais il sont "au creux" du radiateur, ce qui limite un tout petit peu le risque.
Belle machine, même s'il elle m'a donné du fil à retordre.