Schmitronic
Réparations d'appareils électroniques vintage
Réparation d'un juke-box Seeburg Console LPC1 (1962)
Arrive un Seeburg Console de 1962, look ancien mais en très bon état, j'aime bien les châssis d'amplis, contrôleur et autospeed peints laqués bleu, très beau, très pro, comme neuf.
Comme d'habitude, je commence par vérifier la terre qui, toujours comme d'habitude, a été débranchée ! Je ne comprends pas pourquoi des gens font ça. Je la reconnecte toujours et il n'y a jamais aucun problème. Je vérifie les 4 haut-parleurs, ouf, ils sont OK.
Alors que l'ampli et l'autospeed sont à transistors, je découvre pour la première fois un contrôleur à tubes, il y a en 7 ! Un tube manque et je vérifie si tous les tubes sont conformes à l'identification sur le châssis. Heureusement car il y a une diode 6X4 enfichée à la place d'un des 2 tubes régulateur de tension OA2 ! Certains font vraiment n'importe quoi ... Je trouve un sachet dans la machine avec plein de tubes dans leur boite cartonnée d'origine, c'est un jeu complet de remplacement que quelqu'un de prévoyant a bien fait d'acheter ! Il n'y a pas d'OA2 dans le sachet mais des équivalents STR150/30. Je les enfiche, non sans avoir décrassé tous les sockets. Je vérifie également les capas et les résistances principales, décrasse les contacts des 2 relais, vérifie les tensions et le déclenchement Tormat. Et cela fonctionne, robustes ces systèmes à tubes !
Le scanning se fait mais la butée droite est mal réglée, l'inverseur ne bascule pas. Et, surprise, il est impossible de la régler car les vis sont montées à l'envers ! Mais comment quelqu'un est-il arrivé à les installer comme ça ? Je dois enlever une dizaine de vis et enlever 2 plaques métalliques pour accéder et pouvoir insérer une petite clé impériale à 90° pour enfin arriver à dévisser la butée et à la remonter à l'endroit et à la régler correctement. J'ai beau réfléchir, je ne comprends pas pourquoi et comment cette butée a été montée à l'envers.
En activant les contacts du monnayeur, un des 2 fusibles de l'accumulateur saute ! Une bobine est grillée ! Je remplace le fusible et ... coupe la bobine bientôt inutile, puisque je vais mettre la machine en free play.
Pour mettre en free play, comme d'habitude, je mets un colçon de retenue du cliquet de soustraction, simple et efficace, et démontable.
Le scan démarre et s'arrête après un aller-retour ... mais ne sélectionne aucun disque. Le test de la pile fonctionne : après lancement du scan en manuel tous les disques sont pris, donc les circuits de read-out fonctionnent, et c'est donc un problème de write-in. Il y a du crédit, mais quand on enfonce les 2 touches, elles restent bloquées. Le manuel est très intéressant et complet car à la fin il y a une procédure complète de dépannage (pages 128 à 179, soit 50 pages !). Je parcours tranquillement la procédure du manuel : symptôme de non réaction à l'enfoncement des touches -> procédure E -> aucune réaction à aucune sélection -> procédure 6LPC -> si pas de stepper remote, établir connexion avec un fil de test entre connecteurs controleur et accumulateur -> si la sélection se fait -> voir notes accumulateur -> pt 17 (contact "e" reste ouvert), 18 (contact "Y" reste ouvert), 19 (fusible soustraction claqué), 20 (bobine soustraction grillée). Je vérifie ces 4 points, fusible et bobine sont bons, je décrasse les 2 contacts ... et c'est parti ! Youah super, j'ai gagné un temps fou !
Les sélections se font maintenant parfaitement, mais bizarrement le numéro du disque joué en face B n'est pas affiché, c'est celui de la face A qui est toujours affiché à la place ! Je regarde de plus près pour me rendre compte que c'est normal ... les numéros de faces B n'existent pas ! Étonnant, ce n'est que plus tard que Seeburg introduira un contact bidirectionnel monté sur le phonographe et activé par la position physique du support de bras, solution efficace autant qu'inattendue.
L'ampli n'étant pas encore réparé, je teste déjà le phono, les aiguilles et l'auto-speed sur
un ampli guitare, c'est OK, la machine est entièrement opérationnelle, il ne
reste plus que l'ampli à dépanner.
J'attaque l'ampli, j'inspecte les composants critiques (fusibles, résistances et transistors de puissance, capas filtrage) et remplace ceux qui sont défectueux, décrasse les contacts, ... La structure de montage des composants sous le châssis est encore celle des amplis à tube : tout sur barrettes avec de grosses soudures, aucun circuit imprimé à l'horizon, on est encore en 1962 !
Je démarre en douceur, avec une lampe-limiteur de courant, sans les transistors de puissance et vérifie les tensions d'alimentations ... Le préampli est OK, un canal a bien la tension de sortie au repos à mi-tension d'alimentation (-21V) mais l'autre n'est qu'à -6V. Quelques rapides mesures m'indiquent que le transistor de commande des 2 transistors drivers est bizarre, c'est un PNP ... germanium ! Je dessoude sa base et remesure "hors circuit", il est bien HS. Pff, ça va encore être galère. Pour aller vite mon partenaire me propose d'installer un TSA10 à la place de ce TSA1. En principe c'est une bonne idée mais en pratique c'est plus délicat car : il faut revoir le circuit d'alimentation (TSA10 = 235V; TSA1 = 115V), il faut installer un potentiomètre externe, et remplacer la fiche cancel (proche mais incompatible) ... Ce sera en dernière option.
Comme prévu ce transistor germanium est quasi introuvable, trop cher et le tout restera peu fiable. Cette situation commence à m'agacer, il faut trouver une solution simple et efficace. Je décide de prendre le problème à bras le corps et d'étudier comment convertir les circuits de ces appareils pour qu'ils acceptent des transistors au silicium, bien plus courants et moins onéreux, tout en étant très fiables et robustes. Tous les détails, tant pour les "petits" que pour les "gros" transistors, se trouvent à ma page consacrée à ce type de redesign. Après quelques heures d'études et d'essais, l'ampli est adapté et cela fonctionne très bien. Je suis assez fier de ce coup là, car je vais pouvoir faire la conversion systématiquement.
Aux essais, il me restera à encore mieux décrasser les contacts du relais de mute pour que la machine soit à nouveau 100% opérationnelle. Chouette machine et belle découverte de ce superbe contrôleur à tubes, et excellente acquisition d'expérience dans la conversion des transistors germanium vers silicium.